Le syndrome d’Usher est parfois comparé à un couloir silencieux, étroit et sombre. Selon le génotype, il peut prendre des formes sévères, intermédiaires ou tardives (sous-types I, II et III), associant surdité congénitale et dégradation visuelle progressive. Dans les cas les plus graves, la perte auditive débute dès l’enfance et la vision se détériore rapidement, d’abord la nuit, puis sur les côtés, jusqu’à ce que le champ visuel se réduise à une bande étroite.

Dépister un enfant porteur de mutations permet de planifier une prise en charge auditive, visuelle et éducative adaptée. Un diagnostic précoce, idéalement à la naissance, peut donc s’avérer particulièrement utile. Sans cette norme, les enfants se perdent souvent dans un système disjoint, ce qui retarde leur accès à la rééducation sensorielle ou à l’apprentissage du langage.
Aperçu rapide de la maladie de Usher
Catégorie | Détails essentiels |
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Maladie | Syndrome de Usher, forme de surdicécité génétique incurable |
Gènes impliqués | Mutations autosomiques récessives sur plus de 11 gènes (USH1B, USH1C, USH2A…) |
Symptômes | Surdité, perte progressive de vision (nyctalopie, tunnel visuel, parfois « vision en beignet ») |
Prévalence | Entre 1/12 500 (Allemagne) et 1/28 000 (Norvège), plus fréquent dans certaines populations spécifiques |
Diagnostic | Tests génétiques, électrorétinographie, importance du dépistage précoce |
Traitements à l’étude | Thérapies géniques (double vecteur AAVB‑081 en essais), ASO, lentivirus, reprogrammation cellulaire |
Avancées récentes | Première restauration de la vue en 2025 en Italie chez un patient USH1B |
Cependant, en 2025, un espoir tangible a fait surface, modifiant radicalement l’évolution de cette maladie. Un traitement génique expérimental basé sur un double vecteur viral (AAVB-081) reconstituant le gène MYO7A dans les cellules rétiniennes a été administré à un homme de 38 ans atteint de sous-type 1B en Italie. Un an plus tard, il a recouvré la vue, même en basse lumière. Il peut marcher sans crainte, identifier les visages et lire les sous-titres : « Ce n’est pas seulement une meilleure vision, c’est une nouvelle vie », confie-t-il d’un ton visible.
Pour y parvenir, les chercheurs ont utilisé une méthode moléculaire astucieuse : le gène MYO7A étant trop volumineux pour un seul vecteur, ils l’ont divisé en deux moitiés, chacune transportée par un AAV. Une fois injectées derrière la rétine, elles se réassemblent comme des pièces de puzzle pour y restaurer la forme fonctionnelle du gène. Cette méthode particulièrement innovante ouvre la voie à des traitements pour d’autres protéines trop volumineuses pour être transportées par un vecteur conventionnel.
D’autres modèles précliniques fournissent des données tout aussi convaincantes, en dehors du domaine de la vue. La thérapie par oligonucléotides antisens (ASO) a amélioré l’épissage du gène USH1C chez des souris mutantes USH1C, restaurant ainsi l’audition et la coordination. Bien que ces développements soient encore limités aux premiers stades de la vie, ils sont incroyablement efficaces, ce qui pose problème pour les futurs médicaments.
D’autres approches étudient le potentiel de modification de l’expression génétique dans le tissu rétinien ou de reprogrammation des cellules cutanées. Ces expériences illustrent une réinvention totale, transformant ce que l’on croyait autrefois inévitable en une opportunité thérapeutique.
Des essais cliniques de phase 1/2 pour le médicament italien LUCE-1 sont actuellement en cours à Cambridge, à Naples et, à terme, aux États-Unis, avec des participants âgés de 18 à 50 ans. Vérifier l’innocuité tout en recherchant les premières indications d’efficacité visuelle est une tâche simple, mais complexe.
Cette initiative concertée représente un partenariat entre des sociétés de biotechnologie, des institutions universitaires et des associations de patients, et dépasse les limites de la médecine. La science crée un avenir plus inclusif et audacieux lorsqu’elle parvient à restaurer un sens fondamental.
Ce changement est également symbolique : l’idée de voir et d’entendre est remarquablement libératrice pour des patients longtemps relégués à l’obscurité et au silence. Nous discutons désormais d’une transition potentielle vers une vie plus épanouissante plutôt que vers une maladie incurable. En bref, les progrès de la science rendent l’avenir moins flou, plus concret et plus accessible.