Philippe Luthers est sans conteste l’une des personnalités de la télévision dont la disparition a laissé un souvenir particulièrement marquant. Malgré sa disparition prématurée à 52 ans, il a marqué durablement ses collègues et le public belge. Ses derniers jours furent aussi privés que sa carrière professionnelle, et il est décédé d’un cancer important. Il a travaillé jusqu’à la fin de sa vie, assistant aux réunions de la RTBF comme s’il avait encore le devoir de divertir malgré sa maladie.

La carrière de Philippe se distingue d’emblée par le décalage saisissant entre son parcours professionnel et sa formation. Il aurait peut-être suivi un parcours totalement différent s’il avait été orthophoniste. Pourtant, il se consacre entièrement à la radio dans les années 1970. Une relation durable avec le public s’est établie lorsqu’il a spontanément remplacé Roger Francel à l’émission Liège-Matin. Une présence réconfortante, plus qu’une simple voix.
Biographique de Philippe Luthers
Élément | Détail |
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Nom complet | Philippe Luthers |
Date de naissance | Vers 1955 (date exacte non confirmée) |
Date de décès | 2007 |
Lieu de décès | Hôpital de la Citadelle, Liège, Belgique |
Âge au moment du décès | 52 ans |
Cause du décès | Cancer généralisé |
Profession | Animateur radio, présentateur télé, producteur, chef de service divertissement RTBF |
Émissions connues | Coeur et Pique, Vidéogam, Marmots, La chanson du siècle, Tour de chance, Ma télé bien-aimée |
Enfants | François et Maud, ainsi que deux petits-enfants |
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Le succès fut éclatant : à 20 ans, il se voit confier la direction de l’émission la plus populaire de la RTBF-Liège. Son ascension fulgurante le propulse sur les écrans de grande écoute. Il développe son propre style avec Cœur et Pique, qui attire un éventail remarquable d’artistes. Il apprécie évidemment certains d’entre eux, comme Julien Clerc, dont il s’est lié d’amitié au fil des ans, et Jean-Jacques Goldman, qu’il admire profondément.
Philippe Luthers ne se contente pas de donner des conférences. Motivé par une volonté particulièrement créative de mettre en lumière les talents belges, il lance La Chanson du siècle, une émission ambitieuse que le public n’apprécie malheureusement pas. Cet échec est un catalyseur plutôt qu’une source de choc. Il envisage alors de changer de voie et de se lancer seul dans la production. Cette décision mûrement réfléchie se révèle très judicieuse.
L’un de ses plus grands succès est le Tour de Chance, animé par Guy Lemaire. Il le soutient, l’encourage et l’accompagne, en plus de le produire. Lemaire le dit avec justesse : « Il faisait tout avec un soin méticuleux, mais sans jamais perdre cette touche d’humanité qui le rendait si précieux.» Chacune de ses décisions artistiques reflète cette compassion. Très tôt, il propose à Armelle, simple animatrice de la RTBF, de tenter sa chance à l’antenne. Une hypothèse judicieuse. Il joue également un rôle important dans l’ascension de François Pirette à la télévision.
Suite au Plan Magellan, il est nommé à la tête du pôle divertissement de la RTBF en 2003. Il occupe un poste à haute responsabilité sans jamais transiger sur ses principes moraux. Il dirige des émissions célèbres et instructives comme Bonnie & Clyde, Génies en herbe et Y a pas pire conduite. Ce qui le passionne le plus, ce sont ses projets personnels, souvent nourris d’émotions intenses. Il organise notamment des hommages émouvants à Annie Cordy, dite « la Baronne », à Salvatore Adamo et à Pierre Rapsat.
Sa passion pour la télévision ne s’est jamais démentie malgré son amour du golf. Même affaibli, il reste particulièrement dévoué. Yves Bigot, directeur de l’antenne de la RTBF, se souvient : « Il y a huit jours, j’étais encore en réunion avec lui. Il était toujours aussi strict, mais il a gardé le secret sur sa maladie. C’est une perte immense, tant sur le plan personnel que professionnel. »
Cette discrétion face à sa maladie suscite une vive inquiétude sociale. Pourquoi tant de célébrités de la télévision préfèrent-elles dissimuler leur état de santé ? Est-ce un signe d’humilité ? Par manque de sympathie ? Pour préserver leur posture professionnelle ? La situation de Philippe illustre parfaitement ce dilemme moderne. Il a choisi, avec retenue, de travailler discrètement plutôt que d’attirer l’attention.
Au-delà de ses préférences personnelles, sa carrière met cependant en lumière une dynamique qui mérite réflexion : comment continuer à soutenir des artistes qui, comme lui, ont façonné le paysage culturel sans jamais chercher à attirer l’attention ? Philippe Luthers incarnait une authenticité rare à notre époque.
Sa mort a laissé un profond vide dans les familles belges comme à la RTBF. Ceux qui l’ont vu au cinéma s’en souviennent. Un timbre de voix puissant, une voix posée et un visage réconfortant. Il incarnait l’élégance dans la retenue et la simplicité dans l’éclat. Ses programmes étaient authentiques, minutieusement calculés et incroyablement humains ; jamais ostentatoires.
Ce genre de profession, caractérisée par la constance et la modestie, est motivant. Il rappelle que souvent, les piliers les plus essentiels sont ceux qui se cachent. Philippe Luthers était une boussole, pas un simple présentateur. Il savait déceler les évolutions du paysage médiatique au fil du temps.