Le 4 juin 2024, Nicole Croisille, dont la voix envoûtait autrefois salles de concert et studios de télévision, a quitté la vie des suites d’une maladie qu’elle a gérée avec un équilibre émouvant de dignité et de lucidité. Dans une interview très ouverte au magazine Elle, elle a révélé qu’elle souffrait d’une double tumeur au foie et qu’elle avait délibérément choisi d’envisager le suicide assisté en Belgique. Bien que peu commun, son témoignage a été puissant et a suscité une réflexion sur la situation des artistes vieillissants et leur droit à une mort respectable.

Elle a décrit une vie devenue presque insupportable, caractérisée par des nausées persistantes et une fatigue écrasante, causées par l’épuisement physique et mental qu’elle ressentait suite à son traitement. Cependant, elle a clairement revendiqué l’autonomie dans son discours, plutôt que d’exprimer des plaintes. Par ses mots, elle a placé la dignité au cœur d’un débat encore mal vu en France. « Je suis libre. » Elle a déclaré : « J’y réfléchis depuis des années », comme pour nous rappeler que faire preuve de courage peut aussi signifier renoncer à une souffrance chronique lorsque le corps ne la supporte plus.
Élément | Détail |
---|---|
Nom complet | Nicole Croisille |
Date de naissance | 9 octobre 1936 |
Lieu de naissance | Neuilly-sur-Seine, France |
Décès | 4 juin 2024 à Paris, France |
Âge | 88 ans |
Profession | Chanteuse, actrice, danseuse |
Œuvres notables | Parlez-moi de lui, Téléphone-moi, Une femme avec toi, Dolmen |
Dernière apparition scénique | 30 janvier 2023 aux Folies-Bergère |
Engagement | Militante pour le droit à mourir dans la dignité |
Cause du décès | Double tumeur au foie |
Lien source |
Cette remarquable clarté faisait écho aux opinions d’autres personnalités publiques qui, comme elle, ont défendu la liberté de choisir son destin. Jean-Louis Trintignant, décédé en 2022, et Françoise Hardy, toujours en vie mais gravement touchée par la maladie, avaient ouvertement exprimé leur désir de liberté totale. Ces voix singulières ont progressivement changé la perception du public après avoir été entendues bien au-delà du domaine artistique.
L’impact de son message a été renforcé par le contexte politique. Bien qu’en attente d’approbation par le Sénat, un projet de loi autorisant l’aide active à mourir a été approuvé par l’Assemblée nationale le 27 mai 2024, quelques jours avant son décès. Il s’agissait d’une avancée significative. Ce projet de loi, porté par la ministre de la Santé Catherine Vautrin, prévoit notamment que les patients adultes atteints de maladies avancées et incurables peuvent en bénéficier. À condition de remplir des conditions extrêmement strictes. Bien qu’elle n’ait pas pu bénéficier de cette réforme à temps, Nicole Croisille la défendait.
Sa stratégie a marqué un changement significatif dans notre perception de la mort, au lieu de la considérer comme un cas isolé. Bien que l’assistance active au décès ne soit pas encore autorisée en France, la sédation profonde l’est par la loi Leonetti. Cette nuance subtile, mais juridiquement significative, explique pourquoi des personnes comme Nicole Croisille ont choisi la Belgique, un pays aux lois plus clémentes depuis plus de deux décennies.
Nicole Croisille s’est distinguée tout au long de sa carrière par son exceptionnelle aisance à expérimenter différents registres artistiques. Chanteuse reconnue dans les années 1970, elle est surtout connue pour ses chansons « Parlez-moi de lui » et « Téléphone-moi », remarquables par leur modernité émotionnelle. Dans « Un homme et une femme », elle a également collaboré avec Claude Lelouch. Son célèbre « dabadabada » est rapidement devenu culte.
Particulièrement créative dans ses choix, elle n’a jamais hésité à expérimenter de nouvelles choses. Elle est rentrée en France. Enrichie par les influences qui ont façonné sa musicalité après un séjour aux États-Unis où elle dirigeait une revue aux Folies-Bergère, elle a ensuite investi la scène, partageant l’affiche avec Michel Sardou dans des pièces ambitieuses comme « N’écoutez pas Mesdames ». Son apparition sur TF1 dans la saga Dolmen lui a permis de conquérir un nouveau public.
Elle a reçu une standing ovation lors de sa dernière apparition publique, La nuit de la déprime, aux Folies-Bergère en janvier 2023. Elle a offert au public un dernier moment de grâce, l’air profondément émue mais incroyablement digne. Elle a finalement arrêté de se produire sur scène, non pas par insatisfaction professionnelle, mais plutôt parce que la maladie l’a ralentie.
Le courage de Nicole Croisille a suscité un débat important et a donné un visage connu et adoré à un sujet trop abstrait. Elle a démontré que, sans sacrifier la beauté de son parcours, la fin de vie pouvait être abordée ouvertement et clairement. Elle n’a jamais cessé de défendre l’idée que la dignité humaine est inextricablement liée à la liberté, y compris Le droit de mourir.
Par ses mots, elle a attiré l’attention sur ceux qui souffrent en silence, seuls face à des décisions difficiles que la société ne comprend pas toujours. En plus de marquer la fin d’une carrière artistique remarquable, sa disparition ouvre également une réflexion publique qui, nous l’espérons, portera bientôt ses fruits.