À l’âge de 57 ans, Benjamin de Rothschild est décédé subitement d’une crise cardiaque le 15 janvier 2021, dans la quiétude de sa propriété de Pregny-Chambésy. Incarnant une continuité dynastique unique, et porteur d’un esprit d’entreprise profondément ancré dans son époque, sa disparition prématurée a laissé un vide considérable dans le paysage de la banque privée européenne.

Il n’a pas simplement repris le Groupe Edmond de Rothschild après le décès de son père en 1997 ; il a façonné l’organisation selon sa vision. Il a adopté une approche résolument novatrice, rompant avec les méthodes traditionnelles, en promouvant les investissements alternatifs, en diversifiant les actifs et en développant la banque sur les marchés émergents. Sa gestion s’est distinguée par une perspective unique, nourrie à la fois par son héritage et par les défis économiques du XXIe siècle.
Benjamin de Rothschild
| Élément | Détail |
|---|---|
| Nom complet | Benjamin Edmond Maurice Adolphe Henri Isaac de Rothschild |
| Date de naissance | 30 juillet 1963 |
| Lieu de naissance | Neuilly-sur-Seine, France |
| Date de décès | 15 janvier 2021 |
| Lieu de décès | Pregny-Chambésy, Suisse |
| Âge au moment du décès | 57 ans |
| Éducation | Université Pepperdine (États-Unis) |
| Profession principale | Banquier, président du groupe Edmond de Rothschild |
| Épouse | Ariane de Rothschild (mariée en 1999) |
| Enfants | Quatre filles |
| Passion connue | Voile, voitures de sport, art contemporain |
| Projet notable | Création de la Gitana Team en 2000 |
| Estimation de la fortune | 1,4 milliard de dollars selon Forbes (2021) |
| Source |
Cette volonté d’allier performance, enthousiasme et excellence se manifeste notamment par son choix de fonder l’équipe Gitana, un projet de voile de haut niveau. L’initiative s’est immédiatement fait un nom dans des compétitions majeures telles que le Vendée Globe et la Route du Rhum. À l’instar de ses décisions financières, l’objectif de Benjamin dans ce projet était de créer un forum d’expression plus tactique et libre que de rechercher la notoriété médiatique. Pour lui, cette équipe était bien plus qu’un simple passe-temps ; c’était un laboratoire stratégique auquel il consacrait temps, argent et énergie.
Benjamin était lui-même un collectionneur averti. Il avait un penchant marqué pour la symbolique de l’histoire, comme en témoignent ses acquisitions de pièces rares, de Ferrari, de Formule 1 et même d’un moteur de Concorde après le crash du vol AF4590. Malgré leur coût élevé, ces passions révélaient un esprit inventif et curieux.
Cependant, ce parcours exceptionnel n’a pas été sans embûches. Selon de nombreux témoignages, il a lutté contre une dépendance à l’héroïne pendant de nombreuses années. Même les personnes les plus puissantes peuvent être vulnérables à des faiblesses personnelles, comme le démontre cette vulnérabilité humaine, soigneusement dissimulée dans les médias. C’est pourquoi la profondeur de son histoire est d’autant plus émouvante : celle d’un homme qui, face à ses limites, s’efforce d’en faire une force plutôt qu’une faiblesse.
Après son décès, Ariane de Rothschild, son épouse, a été nommée présidente exécutive de l’organisation. La stabilité et la réussite de cette transition ont été saluées. Ariane a enrichi la tradition de sa propre vision, tout en l’héritant. Malgré les défis liés à son genre et à ses origines non juives, cette diplômée de HEC Lausanne et de l’ESSEC a su marquer de son empreinte un monde profondément traditionnel. Sa nomination a véhiculé un message fort : celui d’une gouvernance plus souple et inclusive, capable de se réinventer.
Par ailleurs, le couple était propriétaire de la Ferme des 30 Arpents à Brie, où ils produisaient le Brie de Meaux, un fromage AOC de grande renommée. Ce choix de diversification – de l’agriculture locale aux capitaux bancaires – illustre parfaitement une tendance observée chez les plus fortunés de France : réancrer leurs actifs dans l’économie réelle, souvent localement, en privilégiant la préservation du savoir-faire français.
La disparition de Benjamin s’inscrit dans une série de décès de personnalités influentes qui ont engendré des changements profonds et durables. On peut citer, parmi les exemples les plus marquants, Antoine Bernheim, autre banquier de renom décédé auparavant, et Olivier Dassault, disparu quelques semaines plus tard. Ces hommes, qui ont traversé la transition entre les XXe et XXIe siècles, ont laissé un héritage stratégique sans égal, ainsi que des structures prêtes à évoluer.
Sur le plan social, ceux qui voyaient en Benjamin de Rothschild l’exemple d’un héritier actif ont été particulièrement touchés par sa disparition, transformant le prestige de son nom en un catalyseur de créativité. Il avait su démontrer qu’un héritier pouvait être un acteur à part entière – et non un simple gestionnaire – à une époque où la transmission du pouvoir familial suscite parfois du scepticisme. Son style de gouvernance résolument ouvert contrastait fortement avec les méthodes plus opaques des autres branches Rothschild, notamment en Grande-Bretagne.
Rares sont les membres de l’élite capables d’allier avec autant de finesse, d’audace et un sens aigu du devoir. Benjamin faisait partie de ces exceptions. Il comprit qu’un nom ne garantissait pas une protection éternelle et qu’il fallait construire jour après jour une nouvelle notoriété. Bien que son travail dans les domaines de la philanthropie, de l’investissement à impact et de la finance durable soit peu connu, il a profondément influencé la réflexion stratégique du groupe.
