Les multiples talents de Philippe Labro lui ont permis de traverser les années avec une remarquable longévité, s’adaptant aux évolutions des médias sans jamais perdre son style ni ses principes. Son impact se fait encore sentir, et sa disparition, prévue le 4 juin 2025, a bouleversé les industries de la presse, du cinéma et du livre.

Sa curiosité contagieuse et sa remarquable aisance linguistique l’avaient déjà distingué dès le début de sa carrière aux États-Unis dans les années 1950. Après des études à Lee University et à Washington, il est rentré profondément marqué par l’esprit critique américain, qu’il a discrètement intégré à sa méthode d’étude de la société française. Ce regard décalé lui a toujours particulièrement lucide.
Élément | Détail |
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Nom complet | Philippe Labro |
Date de naissance | 27 août 1936 |
Lieu de naissance | Montauban, Tarn-et-Garonne, France |
Décès | 4 juin 2025 (88 ans) |
Lieu de décès | Paris, France |
Sépulture | Cimetière du Montparnasse, Paris (13 juin 2025) |
Nationalité | Française |
Études | Washington and Lee University, Virginie, États-Unis |
Professions | Journaliste, écrivain, réalisateur, animateur, scénariste, parolier |
Période d’activité | 1957 – 2025 |
Épouse | Françoise Labro |
Enfants | Valérie, Jean, Alexandre, Clarisse Labro |
Œuvres notables | L’Étudiant étranger, Tomber sept fois, se relever huit |
Films réalisés | Sans mobile apparent, Le Hasard et la violence |
Chansons écrites | Environ 30 pour Johnny Hallyday |
Médias dirigés | RTL, Direct 8 (devenue C8) |
Référence |
Labro a supervisé la programmation de RTL au fil des ans, contribuant ainsi à l’évolution de l’industrie audiovisuelle. Il a participé au lancement de Direct 8, une initiative audacieuse soutenue par Vincent Bolloré, en 2005. L’objectif était de créer un espace libre de discussion politique et culturelle, et non pas simplement de créer une chaîne. Sa méthode, qui trouvait un équilibre remarquable entre précision journalistique et ton accessible, lui a valu un public fidèle.
Outre son leadership, il écrivait à un rythme soutenu. Régulièrement publiés, ses livres ont été lus par un public varié, des jeunes étudiants aux retraités en quête de temps pour réfléchir. Certains lycées continuent d’enseigner L’Étudiant étranger, un roman influencé par ses expériences universitaires. Toute une génération a été profondément marquée par sa capacité à décrire la solitude, l’exil et l’émerveillement face à l’incertitude.
Les films de Labro étaient également audacieux. Grâce à ses deux collaborations avec Jean-Paul Belmondo, il a obtenu des rôles plus complexes qu’on ne l’imagine. Ce thriller à suspense et à la complexité psychologique, sans motivation apparente, a marqué un tournant dans le cinéma français des années 1970. Ses écrits n’ont pas toujours été bien accueillis à leur première publication, mais ils sont aujourd’hui redécouverts et appréciés pour leur audace narrative et leur souci du détail.
Il était un passionné de musique et parolier de Johnny Hallyday. Ensemble, ils ont écrit des textes émouvants, empreints d’une sincérité rare. Des chansons comme « Il faut boire à la source » et « J’ai oublié de vivre » sont toujours d’actualité. Son œuvre témoigne d’une sensibilité poétique remarquable dans ce domaine méconnu.
Au cimetière du Montparnasse, des hommages modestes se sont succédé le 13 juin. La reconnaissance institutionnelle dont il continuait de bénéficier était soulignée par la présence de personnalités comme Hervé Béroud, directeur de l’information, et David Larramendy, président du groupe M6, auprès de sa famille. Ceux qui, comme lui, continuaient de croire au pouvoir des mots et de l’écoute étaient réunis pour la cérémonie, qui s’est déroulée dans l’église privée de Saint-Germain-des-Prés.
Son dévouement a permis de former une nouvelle génération de communicants et de journalistes, souvent inspirés par son éthique et sa clarté de langage. Ses stratégies, son langage et sa volonté de laisser transparaître la complexité sans chercher à la simplifier à outrance sont autant d’exemples chez de nombreux chroniqueurs contemporains.
Se référer uniquement à Philippe Labro par ses titres ou ses rôles serait réducteur. Sa capacité à relier les disciplines était sa force. Il passait avec une fluidité particulièrement rare du documentaire à la chanson, du journalisme à la fiction. Porté par un regard à la fois doux et incisif sur notre époque, chaque projet semblait s’appuyer sur le précédent, créant une œuvre cohérente.
Son style, très subtil mais incroyablement juste, manque déjà à une époque où la couverture médiatique penche parfois plus vers le bruit que vers la clarté. Il savait poser la question pertinente au moment opportun, sans prétention ni ostentation. Il était notamment plus enclin à écouter qu’à parler.
Sa position intellectuelle durable est un meilleur indicateur de son héritage que ses seuls livres ou émissions. Celui d’un homme qui a choisi la subtilité au milieu du chaos. Il nous a rappelé que les idées peuvent être puissantes si elles sont présentées avec conviction plutôt qu’en les criant. Ce message est particulièrement pertinent dans une société souvent divisée.
L’analyse de sa carrière révèle un parcours très similaire : il a été élevé dans la transparence, nourri de livres, influencé par la radio, dédié au cinéma et à la vie privée. Sa longévité est aussi remarquable que sa polyvalence. Il a continué à discuter de littérature et d’actualité avec une fraîcheur certaine jusqu’à sa dernière apparition sur RTL, comme si le temps ne l’avait jamais arrêté.
La disparition de Philippe Labro nous incite à nous interroger sur la transmission. Qui poursuivra cette tradition de fusion entre exigences intellectuelles et culture populaire ? Personne ne peut la remplacer, donc ce ne sera pas un problème.