
Après le décès de Daniel Bilalian, le 14 mai 2025, les médias français ont été secoués par un déferlement de condoléances de la part de ses collègues, des responsables politiques et des téléspectateurs. Son goût indéfectible pour le secret et la modestie se reflète dans le fait que, malgré la confirmation par sa famille de sa mort des suites d’une maladie, les détails de son travail ont été tenus secrets.
Né à Paris en 1947, Bilalian est né d’une mère française originaire du Pas-de-Calais et d’un père réfugié arménien ayant fui le génocide. Il portait en lui un sens du devoir civique et une mémoire historique. Ses pairs, qui observaient ses rares sourires en public mais sa chaleur humaine intense en privé, n’ont pas hésité à constater que ce poids patrimonial transparaissait dans son visage solennel. Cet homme considérait l’information comme un service public plutôt que comme une performance.
Données biographiques et professionnelles
Nom complet | Daniel Bilalian |
---|---|
Date de naissance | 10 avril 1947 |
Date de décès | 14 mai 2025 |
Âge au décès | 78 ans |
Lieu de décès | Neuilly-sur-Seine, France |
Nationalité | Française |
Origines | Père arménien, mère française |
Profession | Journaliste, Présentateur TV, Animateur télé |
Formation | Institut d’études politiques de Toulouse |
Affiliation médiatique | ORTF, Antenne 2, France Télévisions |
Années d’activité | 1971–2016 |
Rôles clés | Présentateur (13h, 20h), Directeur des sports |
Cause du décès | Maladie non révélée (confirmée par la famille) |
Famille | Marié à Frédérique Renimel, père de Marguerite |
Rôle politique | Conseiller municipal à Neuilly-sur-Seine (2020) |
Distinction notable | Chevalier de la Légion d’honneur (2005) |
Avant de rejoindre l’ORTF en 1971, il a travaillé dans la presse écrite. Il s’est ensuite fait connaître sur Antenne 2, l’ancêtre de France 2. Durant ses décennies de présence, il a assuré avec constance un ancrage fiable aux journaux télévisés de midi et de soir, inspirant la confiance du public. Sa phrase fétiche, « Madame, monsieur, bonsoir », qu’il prononçait avec une grâce telle qu’elle a marqué toute une époque de l’audiovisuel français, l’a rendu célèbre.
Bilalian est resté ancré dans la réalité et la modération, tandis que de nombreux journalistes se tournent vers le spectacle ou l’opinion. Certains ont été surpris par son arrivée à France Télévisions en 2004 comme directeur des sports, mais son leadership a été incroyablement réussi, gérant des événements majeurs comme les Jeux olympiques, Roland-Garros et le Tour de France. Sous sa direction, la couverture sportive a pris un ton plus sérieux, considérant les événements comme un élément du débat national plutôt que comme un simple divertissement.
Derrière cette présence constante, cependant, se cache un homme en pleine transformation personnelle. Il a d’abord épousé Christine de Précigout, avec qui il a eu une fille. En 2020, il a épousé Frédérique Renimel, avec qui il a noué une amitié durable. Leur présence aux rassemblements publics, comme Roland-Garros et aux avant-premières de films, révélait une joie plus discrète apparue dans ses dernières années.
Lorsque la maladie s’est déclarée, elle l’a fait en silence. Dans une déclaration émouvante à CNews, son collègue de longue date, Gérard Holtz, a révélé que Bilalian était en phase terminale depuis des semaines. Cet homme autrefois si dominant à l’écran en était désormais réduit à des adieux chuchotés en privé, peinant à tenir son téléphone. Mais même dans ses dernières semaines, un silence respectueux régnait : pas de drame, pas de révélation publique.
Dans un communiqué annonçant sa mort, le président français Emmanuel Macron l’a qualifié de « journaliste qui a consacré sa vie à une certaine idée du service public ». Rachida Dati, ministre de la Culture, a fait écho à ce sentiment et a réaffirmé son dévouement à un journalisme rigoureux et fervent. Leurs mots ont exprimé le deuil collectif pour une philosophie de plus en plus rare, ainsi que pour un homme.
Le moment de sa disparition, qui survient après des pertes similaires dans les médias français, illustre un changement générationnel. Bien que des journalistes comme Élise Lucet et Jean-Pierre Pernaut aient transformé le journalisme à leur manière, Bilalian est restée fidèle à son engagement pour le formalisme et la neutralité. Sa présence discrète rappelle remarquablement un art disparu à une époque d’indignation performative, de commentaires à la demande et de journalistes influenceurs.
Il a également fait une brève incursion en politique, rejoignant la liste de Jean-Christophe Fromantin pour siéger au conseil municipal de Neuilly-sur-Seine en 2020. Il a exercé ses fonctions avec le même dévouement discret, participant à des commissions de solidarité au lieu de s’afficher publiquement.
Un segment du journal télévisé de 13 heures de France Télévisions, où il a travaillé presque toute sa carrière, lui était consacré. Son successeur, Julian Bugier, souligne « l’élégance des grands journalistes ». Marie-Sophie Lacarrau de TF1 lui a également rendu hommage : « Nous nous associons à la douleur de nos collègues de France Télévisions et pensons profondément à sa famille. » Plus qu’une simple source de nostalgie, l’histoire de Daniel Bilalian offre un aperçu d’un modèle journalistique en voie de disparition. Sa carrière, qui a duré près de 50 ans sans scandale ni autopromotion, a débuté avec les machines à écrire et s’est achevée avec la transition numérique. Son décès a eu des répercussions sur la société qui vont au-delà des médias. On peut alors se demander : qui comblera le vide laissé par les journalistes qui considéraient autrefois leur travail comme un devoir civique plutôt qu’un moyen de se faire connaître, à une époque où l’information devient de plus en plus performative ?