Michel Catty, souvent surnommé Michou, était tout sauf un artiste typique à son arrivée à Paris à l’âge de 17 ans. Il possédait un sens de l’humour prononcé, un goût prononcé pour l’exubérance et un esprit jeune et avide de fantaisie dès son arrivée à Paris. Il posa les bases d’un empire de la vie nocturne qui allait finalement changer la perception du drag par le public français en 1956, lorsqu’il reprit un modeste bar de Montmartre.

Il créa une formule étonnante en 1961 : un spectacle de drag déjanté, né d’un jeu d’improvisation entre amis, uniquement motivé par le plaisir d’expérimenter avec les apparences, sans plan préconçu ni stratégie marketing. Les codes de la variété française furent subvertis par la réinterprétation audacieuse de personnages imaginaires, Miss Glassex, La Grande Eugène et Phosphatine. Michou attira immédiatement l’attention des critiques grâce à sa vision artistique exceptionnellement claire. L’un d’eux, Edgar Schneider, écrivit un article élogieux dans Jours de France.
Informations biographiques et professionnelles de Michou
Élément | Détails |
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Nom complet | Michel Georges Alfred Catty |
Nom de scène | Michou |
Surnom | Michou le Bleu |
Date de naissance | 18 juin 1931 |
Lieu de naissance | Amiens, France |
Date de décès | 26 janvier 2020 |
Âge au décès | 88 ans |
Lieu de décès | Saint-Mandé, Val-de-Marne |
Activité principale | Directeur de cabaret, chanteur, icône LGBTQ+ |
Cabaret | Cabaret Michou, ouvert en 1956 à Montmartre |
Style emblématique | Lunettes bleues, costumes kitsch, coiffure peroxydée |
Partenaire de vie | Erwann Toularastel (2001–2020) |
Autobiographie | Michou, Prince Bleu de Montmartre (2017, Le Cherche Midi) |
Lien de référence | Hommage à Michou |
L’imitation devint un signe d’estime et le kitsch se mua en poésie dans le cabaret, qui se transforma rapidement en havre d’évasion. Avec une délicatesse qui confinait à l’adoration, les plus grandes icônes musicales – Edith Piaf, Sylvie Vartan et Brigitte Bardot – furent imitées. Michou acquit une renommée médiatique à la même époque, notamment grâce à ses compositions musicales et à ses apparitions à la télévision. Dans les années 1970, des chansons comme « Fofolle » et « Plus joli qu’une fleur » révélaient une facette plus personnelle et étonnamment sincère de l’artiste.
Michou développa un style distinctif, d’un bleu extravagant. Ses cheveux décolorés, ses vêtements électriques et ses lunettes teintées étaient autant de puissants signaux visuels. Bien avant que le mouvement LGBTQ+ ne soit officiellement reconnu, il les utilisa pour affirmer sa liberté d’être lui-même. Partageant sa vie avec Erwann Toularastel pendant près de deux décennies, Michou aimait sans dissimulation et vivait sans faux-semblants. Cette décision était courageuse et discrètement révolutionnaire à une époque où les minorités étaient encore soumises à la discrétion.
Au-delà d’être une scène, le cabaret Michou servait de lieu de rencontre et de carrefour entre politique, performance et sociabilité. Des personnalités politiques, notamment Alain Juppé, y trouvaient un écho électoral. Ce mélange des genres témoigne de l’importance de l’establishment pour la culture française. Michou a profondément modifié le regard du public sur le drag en tant que médium artistique, en lui rendant ses lettres de noblesse.
Michou, Prince Bleu de Montmartre, ses mémoires, est un véritable hymne à l’espoir. Il y partage avec candeur et humour ses voyages, ses amitiés et ses incertitudes. Il y dévoile également son secret d’enfance : il boit deux bouteilles et demie de champagne par jour. Malgré son absurdité, l’histoire illustre une idéologie hédoniste avouée. Vivre passionnément, haut en couleur, sans jamais se conformer aux normes.
Michou ne se contentait pas d’éblouir les masses. En hommage à sa grand-mère illettrée, qui l’avait nourri avec amour, il invitait des personnes âgées dans son cabaret une fois par mois. Ce faisant, il inscrivait son art dans une dynamique de solidarité sociale, faisant de la performance un outil d’inclusion.
Après sa disparition en janvier 2020, Montmartre fut frappé par un profond sentiment de perte. On a honoré son souhait de voir le cabaret disparaître avec lui. Pourtant, son héritage perdure. Son influence se fait encore sentir aujourd’hui, que ce soit dans les coulisses des spectacles de drag queens ou chez Madame Arthur. Il a ouvert la voie à d’autres aujourd’hui, et ils lui en sont profondément reconnaissants.
Michou a créé un lien indissoluble entre rêve et réalité grâce à des décisions très claires et une vision remarquablement efficace. Il a redonné vie à la nuit parisienne à sa manière, sans jamais renoncer à son droit d’être lui-même. Et même sans lui, cette nuit reste éblouissante.