Le courage et la compassion de Robert Badinter ont marqué durablement son époque. Au-delà de ses célèbres discours et de ses hommages solennels, il était un père aimant et un homme réservé dont la vie familiale reste un chapitre méconnu, mais incroyablement éclairant. Simon, Judith et Benjamin, ses trois enfants, perpétuent chacun à leur manière cette obligation morale et ce respect de la dignité humaine.

L’aîné, Simon Badinter, incarne la continuité intellectuelle de manière plus personnelle. Passionné de radio, il a décidé de s’exprimer par sa voix, la même que celle que son père utilisait pour défendre avec persuasion les personnes condamnées à mort. Après avoir travaillé plusieurs années dans la communication, Simon s’est découvert une passion pour l’animation de talk-shows aux États-Unis, notamment à Dallas, où il a créé l’émission de discussion Simon Rendez-vous, axée sur les interactions interpersonnelles. Sa méthode est directe, humoristique et bienveillante, et son efficacité est étonnante. Sous sa plume et son micro, les discussions sur l’amour et la société prennent une tournure quasi philosophique.
Robert Badinter – Informations Familiales et Professionnelles
| Élément | Détail |
|---|---|
| Nom complet | Robert Badinter |
| Date de naissance | 30 mars 1928 |
| Lieu de naissance | Paris, France |
| Décès | 9 février 2024 (95 ans) |
| Nationalité | Française |
| Conjointe | Élisabeth Badinter (née Bleustein-Blanchet) |
| Enfants | Simon, Judith, Benjamin |
| Profession | Avocat, ministre, écrivain, professeur |
| Réalisations majeures | Abolition de la peine de mort (1981), Président du Conseil constitutionnel |
| Source |
Comme son père, Benjamin Badinter a mené une carrière dans le commerce et le management, fidèle à ses principes moraux. Il est devenu président du conseil d’administration de Médias & Régies Europe après avoir rejoint Publicis, société fondée par son grand-père maternel Marcel Bleustein-Blanchet, peu après l’obtention de son diplôme d’économie. Bien que plus discrète, cette profession s’inspire fortement de l’héritage familial de maîtrise de soi, de secret et de camaraderie. Contrairement à son père, Benjamin est un stratège, habile à concilier responsabilité sociale et raisonnement économique.
Le personnage le plus énigmatique reste Judith, la fille du couple. Elle a brillamment étudié la psychologie avant de se tourner vers la psychanalyse. Pourtant, son bref enlèvement en 1987 a bouleversé toute la population française. Elle n’est jamais revenue de sa cavale dans l’Oise. La nouvelle a immédiatement alerté les pompiers, la police et les médias. Tandis que trois hélicoptères survolaient les bois, Robert et Élisabeth ont subi une douleur indicible. Puis, au milieu de la nuit, un appel retentit : Judith allait bien. Elle ne s’expliqua jamais et retourna à la maison familiale. Fidèle à sa pudeur, Robert Badinter décrira plus tard cette affaire comme une « affaire entièrement privée ». Ce silence, d’une clarté incroyable, témoignait de la profondeur d’un père qui privilégiait la sécurité de ses enfants à l’attention médiatique.
Pendant de nombreuses années, le couple Badinter, qui s’était rencontré en 1966 à la synagogue de la Victoire, fut un modèle d’équilibre émotionnel et intellectuel. Elle, féministe et philosophe, héritière d’un empire médiatique ; lui, avocat, a été façonné par les exigences du droit. Leur mariage, fondé sur le dialogue et la considération, a donné naissance à un foyer où les paroles comptaient autant que les actes. On raconte que leurs dîners ressemblaient davantage à des séminaires philosophiques qu’à de simples repas de famille. Dans leur appartement donnant sur le jardin du Luxembourg, les enfants apprirent à réfléchir avant de parler et à s’interroger avant de s’exprimer.
Liberté et responsabilité furent les pierres angulaires de l’éducation de la famille Badinter. Profondément marqué par l’expulsion de son père pendant la guerre, Robert souhaitait transmettre une leçon essentielle : la valeur de la vie humaine est inaltérable. Sa loi de 1981, abolissant la peine de mort, fut façonnée par cette douloureuse conviction, qui marque encore la génération suivante. Ses descendants perpétuent cette tradition avec grâce, sans jamais la revendiquer.
Cette absence totale de désir de gloire est ce qui rend la lignée Badinter si remarquable. Simon, Judith et Benjamin n’ont jamais cherché à tirer profit du nom de leur père, contrairement à certaines familles politiques. Cette réserve est particulièrement instructive. Elle démontre que, pour eux, rester fidèle aux valeurs morales défendues par leur père, plutôt que de rivaliser pour attirer l’attention, est la meilleure façon de lui rendre hommage.
Une autre figure importante du féminisme français et philosophe reconnue, Élisabeth Badinter, a contribué à créer cet environnement propice à la réflexion. Ses écrits sur l’égalité, la liberté et la maternité ont enrichi la vision humaniste de son mari. Ils formaient un duo intellectuel unique, uni par la compassion et la réflexion. Leur partenariat symbolise une époque où la raison prévalait et où le discours public pouvait encore être poli.
Toute cette histoire familiale est entrée dans la mémoire collective lorsque Robert Badinter est entré au Panthéon le 9 octobre 2025. Quarante-quatre ans jour pour jour après la promulgation de la loi interdisant la peine de mort, cette date n’était pas arbitraire. Cet acte, empreint de poésie civique, a rappelé à tous que génie politique et simplicité sincère peuvent coexister.
